j'arrive pas à me décider

Bonjour à tous,
Je ne sais pas si je dois ou non vous
recommander « La Merditude des choses » de Félix Van Groeningen. .


L’histoire : une tranche de vie d’un adolescent élevé par sa grand-mère, son père et trois de ses oncles. Les quatre hommes sont des ratés, alcooliques, plus ou moins chômeurs. Pas simple dans ces conditions de grandir, de s’instruire et de devenir un homme non une loque huuuuuuuuuumaine (je cite
Coluche…….).


Jusqu’à présent, le cinéma social était l’apanage des anglais avec évidemment Ken LOACH, sonlumineux « Raining Stones » (mais vous pouvez voir tous ses films), le très réussi « The Full Monty » ou le merveilleux « Les virtuoses » .

Tous ces films et bien d’autres se servent d’un fond social pour raconter une histoire. Tous décrivent une réalité terrible mais espèrent en quelque chose : les enfants dans Raining Stones, les copains dans les deux autres et bien sur la lutte politique dans certains Ken LOACHE (Land and Freedom, Carla’s song).

La Mertidude des choses comporte trois volets : la farce, le pamphlet social et le drame personnel.

Sur la farce, les auteurs n’y vont pas avec le dos de la cuillère : chansons paillardes à coté desquelles le curé de Camaret est un chant grégorien, beuveries, parties de jambes en l’air. Tout nous est servi jusqu’à l’overdose. Quand on pense que certaines scènes sont très proches de la réalité………………….

Sur le pamphlet social, c’est d’une noirceur totale : la lutte des classes est définitivement
enterrée. Les pauvres types du film ne cherchent pas à sortir de leur condition, ils y sont bien (enfin sans doute en apparence mais on y reviendra), vivent dans leur beauferie heureux. A aucun moment, ils ne cherchent à se remettre en question, à sortir de leur condition mais à faire avec. Ils ne sont pas
sympathiques et ne cherchent rien d’autre qu’à transmettre à la postérité ces fameuses chansons (je vous les recommande) lors d’une scène à la maison de retraite de leur mère et grand-mère d’une tristesse et d’une non dignité absolues.

Sur le drame personnel :. Le père dévoré par ses passions, ses habitudes ne sait pas élever son fils et ne lui dit que très maladroitement qu’il l’aime. Et du coup ce qu’il lui transmet c’est désespoir et cynisme : « les deux femmes que je hait le plus, dit le fils, adulte, sont celle qui m’a mis au monde et celle qui porte ma progéniture ». A quelques moments, le père se rend bien compte de ce qu’il est mais il ne lutte que très peu et sombre pour oublier ce qu’il est, ce qu’il est devenu, ce qu’il a raté. C’est le volet le plus intéressant du film.

Voici donc un film beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît duquel coule un encre d’un noir total. On regrette presque l’image finale, passage d’espoir obligé. Il en faut bien un peu me direz vous mais
quitte à faire du noir……

Je ne sais pas s’il faut vous recommander ou non ce film. Ce qui est certain, c’est que c’est un truc que l’on n’a pas l’habitude de voir, d’un désespoir abyssal et tout sauf drôle. Moi j’en suis sorti sonné et écœuré par tant de non dignité ordinaire. Si vous y allez, vous vivrez une vraie expérience de cinéma comme rarement on a l’occasion d’en voir.

Prenez
soin de vous.

Ts